Stade de France – Rockin’1000 – jour 3 – le concert

Samedi matin, reveil en vrac à 07h10, la fatigue est bien là, mais on va pas se laisser abattre à la dernière seconde, aller, c’est aujourd’hui le concert, ça va donner !!!! Mais d’abord, une douche s’impose, pour décrasser les idées et le corps.

Un petit coup de fil chez moi, pour prendre et donner des nouvelles, et là surprise :

– t’as vu que t’as répétition aujourd’hui ?

– hein ? euh ? quoi ? non.

– bah si !

mmm, ok, effectivement, c’est indiqué répétition à 14h30 pour tout le monde. Bon, évidemement, 14h30 dans le fuseau horaire du SdF, ça fait en réel, du 16h bien tassé. Donc, tranquille.

Je range les affaires, je prends mon temps. Je dois libérer l’appart pour 11h, mais je serai parti avant. La mission du matin, c’est d’aller dans Paris chez Woodbrass.

La répétition d’hier soir était super fun, très délire. On a joué, sauté dans tous les sens, fait les pitres avec les autres guitaristes, fait aussi de la batterie en partageant les toms basse avec les batteurs, mais j’ai constaté que mon cable de guitare était un peu short. Alors, il m’en faut un de 10m. Donc, en route pour le centre ville.

En chemin, un petit coup de fil à Nico qui souhaitait aussi pouvoir étendre son rayon d’action sur le terrain. L’idée est de voir où trouver un cable de 10 mètres, et d’en prendre pour l’autre, si on trouve. Il confirme pour lui, mais n’est pas sûr pour Allan. On avise en court de route.

9h40, Bon, c’est parti, la guitare sur le dos. J’ai un petit 1/4h à pied jusqu’au RER, et ensuite, un peu de trajet jusque la villette où se trouve le magasin. Un petit peu de trajet en RER et en métro, on peut pas dire que ça m’avait manqué, mais bon, c’est calme pour un samedi matin.

J’aurais du descendre à “Villette”, mais j’ai fait “Jaurès”. Y’a 4 stations de différence, et j’étais pas super reveillé, vu que le magasin est “avenue Jaurès”, bah, voila. Bon, la marche m’a fait du bien, et je suis arrivé pile à l’ouverture de Woodbrass à 10h30.

Les cables de 10m en poche, quelques jeux de corde pour guitare en plus, et c’est tout bon. Aller direction maintenant La défense, je dois y retrouver ma famille avant l’entretien de mon grand gamin, entretien pour une école supérieure.

Le trajet se fait bien, je suis simplement étonné d’entendre dans le métro qu’il y a des pick-pockets. En 4 langues : français, anglais, allemand et japonais. Ca et les annonces informant que le masque anti-covid non porté (du tout ou sur le nez) sera passible de 135€ d’amende. Bon, visiblement, dans le métro, tout le monde s’en fout.

Petit repas sur le pouce, en famille, ça fait du bien. Je les laisse de ce coté de Paris pour récupérer la voiture et repartir pour le SdF, préparer pour garer la voiture en prévision de l’après concert, pour repartir avec le matériel.

Les quais de seine, pour rejoindre l’A86 sont juste un gag. 15 km en 36 minutes. C’est comme le métro, ça me manquait pas du tout du tout. Mais bon, j’arrive au stade, et depuis la voiture j’entends les voix des chanteurs. Je pense à eux qui sont sous le soleil, le thermomètre de la voiture indique 31°c. Les pauvres, en plein soleil, c’est pas la joie. Je passe les contrôles pour entrer avec la voiture, vérification du badge, du coffre de la voiture, et on entre dans les méandres du stade.

Alors, la “procédure” c’est de prendre les instruments dans la voiture qui se trouve dans le SdF. Sortir par les sorties qui donnent sur le parvis, et repasser au contrôle pour entrer dans le SdF. J’ai toujours pas compris la logique, sachant qu’en interne, ça communique et que le parking était P3 était réservé aux musiciens….

Bref, je re-entre dans le stade à 14h55, à peine en avance pour la répétition de 14h30.

Ne voyant pas de tête connue, je retourne en direction des gradins faces aux chanteurs et chanteuses qui donne de la voix sous un soleil de plomb. Je compatis, ça doit pas être facile pour eux.

c’est toujours aussi saisissant les voix, incroyable !

paradise city, on finira le concert par cette musique. trop trop bien.

la répétition des chanteurs se termine vers 15h40, les pauvres doivent être exténués. J’ai profité du spectacle, je vais retrouver les copains de l’autre coté du terrain, ça va bientôt être à nous, enfin, en théorie. Et là, Chloé qui nous annonce : ben non, j’ai demandé au staff, et en fait, on va pas répéter, on a pas le temps. Le seul truc qu’on va pouvoir répéter, c’est de faire l’entrée sur le terrain.

Décidément, ça me dépasse, je suis pas venu là pour faire un défilé, mais pour jouer. Enfin….

17h, tout le monde est rassemblé dans les coursives, autour du “point info” pour faire encore une entrée sur le terrain. Encore…. c’est vrai que c’est le truc qui va durer environ 30 secondes au début du concert, et que c’est vraiment le point essentiel à pas rater. Je pige pas.

On se plie donc à la procédure et on refait cette entrée. Ca vallait le coup, parce qu’à peine sur le terrain à 18h, on s’entend dire que à partir de 18h15, l’accès au terrain nous est interdit. Donc, il faut avoir tout rangé, débarrassé, mis en ordre avant ! Et à 18h14, le staff vient nous presser de finir et de partir, c’est important d’être dans les temps. C’est une évidence depuis 48 heures.

Rangement effectué, on se dirige vers les buvettes pour récupérer notre repas. Bon, classique sans surprise, sandwich format sncf, fruit, crudités et un yaourt. Pour changer, on va sur les marches qui montent jusqu’aux gradins, et on admire la foule qui se masse devant nous. On n’a aucune idée de l’état de remplissage du stade à cet instant, mais vu le monde dehors, ça se remplit. Par contre, il est 18h45, et si tout le stade doit être rempli (comme indiqué sur les sites de vente de billets) faudrait peut-être activer un peu pour faire rentrer tout le monde. Enfin, avec le stade qui se remplir, la pression monte un peu, mais on reste tout zen, on discute de tout et de rien.

19h10, le service de sécurité du stade vient nous intimer l’ordre (si si, sur ce ton là, c’est pas une gentille demande polie) de partir des gradins et d’aller dans les coursives. Sans autre forme de procès, ni de politesse. Je conçois l’angoisse des problèmes de sécurité quand on rassemble 55000 personnes d’un coup comme ça, mais nous les musiciens, ça fait 3 jours qu’on squatte ici, alors un chouilla de respect, ça n’aurait fait de mal à personne.

20h, je partage une bière avec Nico, Guillaume et d’autres. La tension monte, mais on est tous sereins, tous prêts, tous contents. Mais on attend….

Et là, rien que du très classique depuis 2 jours : patience, pétinage, brouhaha, attente.

On se retrouve dans le tunnel d’entrée vers 21h00. Plus qu’une demi-heure avant d’entrer en piste, et tout le monde est un peu survolté, on va s’éclater.

Je remarque l’équipe de soin derrière nous. Ils sont comme nous, ils attendent. Je vais les voir.

Alors ? vous êtes prêts ? dis-je en plaisantant.

– oui, nous oui, mais vous ?

– ah ben moi, impec, à fond, mais je vais pas bosser moi

– oui mais nous, on est là pour vous, que pour les musiciens uniquement.

Je leur ai fait une petite révérence, ça les a fait marrer. Et je leur demande si ils vont profiter du spectacle, mais :

– non, on a interdiction de regarder, on ne peut pas. Si on se fait gauler, le prochain coup, ça sera pas nous sur le terrain.

Je reste un peu interloqué. La discussion se finit sur une petite plaisanterie, et surtout un grand remerciement pour leur aide en cas de besoin.

Le concert démarre. On entend la foule, la voix de Philippe Manoeuvre qui raconte ses blagues avec les 6 cordes et les 5 doigts, etc…. Ca chauffe tout le monde, mais ça m’exaspère un peu. Mais bon Phiphi fait son show, on y reviendra après.

Voila, on y est, on entre par groupe, en fonction de l’instrument sur le stade. C’est vraiment un moment délirant, magique, grandiose et super intense. 55000 personnes qui font du bruit, c’est vraiment détonnant.

Et c’est parti ! on se met en place, pendant que Philippe blablate des trucs dont on ne prète même pas attention, non. Le clic dans les oreilles est bien plus important pour nous. Et là, on entend “Song start – Won’t get fooled again”. Tous se mettent à sourire, y compris moi. On y est ! On y va !

Space Oddity – David Bowie

Pendant la chanson “Space Oddity”, les guitares ne jouaient pas. C’était comme ça à Milan en 2019, rien de surprenant, c’est une chanson pour les claviers et voix principalement. C’est très fort en émotions, et comme on ne faisait rien (les guitaristes) on s’est dit qu’aller faire taper dans les mains, ça serait cool.

Donc, on quitte tous notre place, et on se dirige vers le public. Aucun d’entre nous n’avais l’intention d’aller dans le public, mais devant et de les encourager à taper dans les mains. C’était une idée pour avoir un lien avec le public, c’était plutôt cool.

Pendant 62 secondes….

Au bout de la 63è seconde, on entend notre gourou nous parler sèchement dans le casque. Il dira : “Guitare droite, qu’est-ce que vous faites ???

ce n’est pas la fin du show, n’allez pas voir le public.

Retournez à votre place tout de suite.

Retournez à votre place, c’est pas beau ça !”

On savait qu’on risquait une enguelade, et alors ? On a voulu profiter du moment. Quand à la dernière phrase, je pense que c’est elle qui m’a le plus choquée : “c’est pas beau” !

Euh, dis donc mon grand, on est là pour jouer du rock’n’roll, alors si tu voulais faire du rayon “joli”, fallait aller voir un ballet de classique !

Les musiques s’enchainent à un rythme dingue, une ambiance de folie à chaque fois. On est extatiques, le public nous renvoie des cris et du son à chaque fin de chanson, ça dynamise tout le monde. C’est magique, extra, y’a pas vraiment de mot pour décrire ça.

Déjà les deux tiers du concert sont passés. Le public aclame M qui vient jouer avec nous. Notre invité, c’est M, c’est classe. Evidement, Philippe fait sa bafouille pour l’introduire au concert, et c’est parti pour Mojo. Ca fait son petit effet, le public hurle tout ce qu’il peut.

On enchaine avec le medley de 12 minutes. Ca balance, et ça met une bonne ambiance, même si on peut pas vraiment ranger ça dans le rayon “rock n’roll”.

“Alors Mathieu, ça fait quoi de jouer avec 1088 musiciens ?” demande Philippe.

Ben, déjà, c’est lui l’invité, alors c’est plutôt aux musiciens qu’il faudrait poser la question.

“C’est magique, c’est vraiment très beau, on sent l’amouuuuur de la musique, on ressent la grande famille, c’est vraiment super, merci à vous” répond M.

Etrangement, ce micro dialogue était 100% le même qu’hier à la répétition générale. Mot pour mot, intonation pour intonation, même rythme, même phrasé. Alors….. c’était improvisé pendant la répét, et tellement c’était bien, vous avez refait la même, ou c’était du “appris par coeur” et ça récite sa poésie à la maîtresse ?

Du coup, vu du public, c’est “woaaaa, l’est trop chou, c’est trop beau” + coeur avec les mains.

Vu de dedans, ça fait plutôt “je fais mon show, et vous y croyez tous”.

Et ça enchaine : “Alors Mathieu, tu vas pas partir comme ça, tu peux nous faire un petit morceau en acoustique ?”

Euh, dis donc, c’est le concert de qui là ? Je veux pas faire de jalousie, aucunement, mais bon, Rockin’1000, c’est à la base un groupe de tarés qui fait un boeuf géant pour que les Foo-fighters viennent faire des concerts en italie. Pas pour faire la promo de Paul ou Jacques !

“Oh ben oui, je vais vous faire un petit truc”. Et du coup, là, M joue solo. En soit, c’est pas super génant, mais ça devient hyper frustrant quand il finit, et qu’on s’entend tous dire dans le casque :

“Alors la les gars, on va supprimer ACDC – Hell’s bells, parce qu’on aura pas le temps !”.

Malgré la lumière colorée, on lit l’incompréhension et la consternation sur tous les visages. Comment ça tu vas sucrer ACDC ?????? nan mais on est venus jouer du rock, alors si tu veux sucrer un truc, tu vires les Rita ou Oasis ou encore M, mais pas ACDC, bordel !!!

Sans nous laisser le temps de réagir, le clic reprend “Song start – Seven nation army”.

Un peu déboussolés mais bon, on reprend chacun ses marques et on mets les doigts au bon endroit sur le manche. Les batteurs sont déjà lancés ! Ce tube, on s’éclate, on les rejoint (physiquement) pour qu’ils nous passent une baguette et qu’on tape avec eux.

La guitare dans une main, une baguette dans l’autre, on se déchaine, c’est trop bien.

Et on va terminer par un morceau mythique de toute une génération : Paradise city.

Une vague d’émotion déferle, c’est vraiment très très intense. Cette musique, cette ambiance, on plane tous un peu là.

“Et voila, c’est fini, vous pouvez aller saluer le public”. En fait, tu nous l’aurais pas dit, ça aurait rien changé, on y était déjà parti !

Et là, incroyable, les gens aussi excités que nous, des poignés de main à n’en plus finir, des sourires partout, de l’émotion. J’ai du faire la bise et des acolades à 60 personnes en moins de 3 minutes, c’est pas hyper covid-proof, mais là, on était tous ailleurs, le public comme nous même.

L’après concert

Quand c’est fini, passé le salut du public, faut ranger. On revient tous à notre place, on se fait encore des acolades entre nous, et puis, il faut ranger. On va pas passer la nuit là non plus.

On court chercher les diables, houses, sac, sangles, dans la salle dédiée au rangement, et on redescend sur le terrain.

Ayant tout ressanglé, tout attaché sur le diable, je pousse tout ça vers la zone dédiée à la récupération pour les musiciens. J’entends la consigne dans un talkie-walkie : les musiciens doivent impérativement repasser dans le stade et retourner au parking par l’extérieur, hors de question de les laisser traverser en intérieur.

Je sais toujours pas pourquoi, mais le temps de ressortir, de récupérer la famille, de retourner à la voiture, et de suivre le “fléchage” interne du SdF, ça nous aura pris …. 1h10 entre le moment où je suis sorti du stade à pieds et le moment où j’ai mis le matériel dans la voiture.

A mon avis, y’avait plus simple, plus efficace, mais j’ai probablement pas toutes les données en main.

Puis le retour en voiture, le lendemain. 550 kms, avec les musiques dans la tête, les doigts qui dansent sur le volant. 8 jours après, je chante encore “Born to be wild” sur la moto en allant au boulot….

Les t-shirts officiels avec des bourdes, c’est collector 🙂

Le bilan

3 jours de dingues, des émotions à la pelle, par wagons, des rencontres avec des gens extras, tous des passionnés, rien que des passionnés, de tous horizons, de tous métiers, de toutes vies. Rien que pour ça, c’est une expérience à faire, c’est extraordinaire !

Merci à Fabio, l’italien créateur du concept ! Merci à l’organisation et au personnel du SdF, toujours là pour nous aider. Un immense merci à tous les autres musiciens, sincèrement.

Mais le prochain coup, moins de M (qui pirate le concert, c’est pas le tiens, grand) et de M (Manoeuvre) qui fait son speech pour se la péter. La boite à fric, c’est pas le concept du truc. Je sais qu’il faut financer, mais rien que les places du public, je vous laisse faire le calcul….

De supers moments, des émotions authentiques, dommage que ce fut entamé par ces désagréments, tant au niveau de l’attente (qu’on avait pas eue à Milan) que du reste. J’ai un peu le sentiment déplaisant qu’un groupe de passionnés a été utilisé pour faire du show, du fric, et de l’esbrouffe. C’est un sentiment tristement amer qui ne veut pas partir, bordel de M….crotte.

Et alors, refaire Rockin’1000 ?

Alors là (presque) où tu veux, quand tu veux.

Au SdF ?

Oula, je ne sais pas, je vais y réfléchir.

C’était moins impressionant à Milan, mais peut-être plus authentique dans l’esprit.

Bon, Je te laisse, j’entends les cloches de l’enfer qui résonnent…

Les photos des musiciens, c’est par ici !